Solide comme un chêne

Pierre était un homme silencieux. Il n'exprimait que très rarement ses sentiments. Il incarnait la force tranquille. Cultivateur d'origine et de vocation, mais ne pouvant vivre de cette activité il s'était recyclé dans la gestion hospitalière, mu par sa passion pour la médecine et son souci des autres. Ses rares moments de libertés étaient partagés entre ses proches et la mécanique. Il s'évertuait à réparer l'irréparable avec une ingéniosité jamais démentie.

Son souci des autres l'a amené à siéger au conseil communal d'une des villes les plus ingérables de Belgique. Toujours tranquille, mais avec force.

La grande sagesse de Pierre était une valeur sûr au point que certains ministre venait régulièrement chercher conseil et réconfort au tour de la table de la cuisine et d'une bonne trappiste.

Voici un an, sa femme décédait après avoir lutté avec un courage inouï contre un cancer.

Pierre bascula complètement. Il se mit à boire, à faire preuve d'une prodigalité sans borne et à fréquenter les filles de joie.

Hier, Pierre est mort. Sans qu'on ne sache exactement de quoi. Je pense simplement qu'il est mort de chagrin.

Quelques furent ses errances, je garderai de lui l'image d'un homme paisible et fort à la fois. D'un oncle qui a été à mes côtés pendant mon adolescence qui ne fût pas des plus faciles. Sans jamais me juger. Il a été un chêne, sur lequel je pouvais m'adosser lorsque j'étais las des questions sans réponses qui me torturaient.